Mesurer une distance à l'oeil nu

Mesurer une distance constitue un jeu d’enfant avec les appareils modernes dont nous disposons en temps normal. C’est le cas du GPS. Mais cela ne vaut que pour les destinations et certains points fixes cartographiés. Pour évaluer une distance entre nous et un objet en mouvement, c’est une autre histoire.

De surcroit, en situation de randonnée classique ou de survie, nous ne disposons pas toujours de GPS. Et la mesure d’une distance peut s’avérer cruciale. Elle permet d’évaluer le temps nous séparant d’un lieu où l’on posera un campement avant la tombée de la nuit, par exemple. En mer, il peut être nécessaire de connaitre notre position par rapport à une terre ou à un bateau, que l’on a envie d’aborder ou d’éviter. Bref, la distance est un renseignement pouvant peser sur nos décision : y aller maintenant, poser le camp maintenant et tenter l’aventure une fois reposé… etc.

Voyons ici une méthode rudimentaire mais efficace pour évaluer une distance à l’œil nu : la technique du pouce.

Evaluer une distance à l’œil nu est compliqué

Nos yeux constituent un outil formidable en la matière, mais l’évaluation d’une distance à l’œil nu n’est pas chose aisée. Un tas de facteurs peuvent venir influencer cet exercice et nous faire commettre des erreurs. Citons-en quelques-uns :

  • La nuit déforme notre perception, tout comme le brouillard.
  • Une visibilité mauvaise rend les objets plus éloignés
  • La météo peut également perturber l’évaluation. Par beau temps, tout nous semble plus proche
  • La configuration du terrain – Dans de grands espaces dégagés, les objets que l’on voit semblent à tort très proches. Dans un espace désertique, il est courant de croire qu’une colline se situe à moins de 1 kilomètre. Pourtant, 15 km s’étendent entre-nous. Dans les espaces « chargés », c’est le contraire qui se produit.

Il est donc indispensable de nous fier à une technique universelle plutôt qu’à notre perception de la réalité.

Mesurer une distance à l'oeil nu
Tout nous semble plus proche dans un désert – Pexels – Pixabay

Une référence : l’horizon

Pour connaitre la distance nous séparant de l’horizon, il est nécessaire d’exhumer de notre mémoire le théorème de Pythagore.

Le problème est ainsi posé :

Le rayon de la terre est à peu près de 6400 kilomètres. Je mesure 1,75m. Quelle est la distance me séparant de l’horizon ?

Il faut ici imaginer un triangle rectangle.

  • L’un des côtés est formé par un segment allant de l’horizon au centre de la terre, soit 6400 kilomètres.
  • Le second (l’hypoténuse) part du centre de la terre jusqu’à la hauteur de mes yeux, soit 6400 km + 1,65m
  • Le troisième segment relie mes yeux à l’horizon.

Rappelons l’enseignement du théorème de Pythagore : « si un triangle est rectangle , alors le carré de la longueur de son hypoténuse est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés ».

Ainsi (6 400 001,65)2 = (6 400 000)2 +x2

40 960 021 120 002 – 40 960 000 000 000 = x2

X2= 21 120 002

Racine carré de 21 120 002 = 4 595

Et voilà !

Pour un individu de 1,75 mètres sur terrain plat, l’horizon se situe à environ 4,5 kilomètres. Mais ce résultat peut changer selon votre taille. Un enfant verra moins loin, par exemple. Si vous êtes perché sur un arbre ou une colline, il faudra donc ajouter la hauteur de ce point d’observation pouvant séparer la distance vous séparant de l’horizon.

Randonneuse sur route déserte
Evaluer une distance est une compétence indispensable en survie – josealbafotos – Pixabay

La méthode du pouce

Connaitre la distance vous séparant de l’horizon peut s’avérer une bonne base pour estimer la distance d’un objet à l’œil nu. Mais ce n’est pas forcément l’idéal en termes de précision.

Utilisons donc la bonne vieille méthode du pouce utilisée par les militaires et les scouts.

Cette technique repose sur le postulat selon lequel la distance entre l’œil droit et l’œil gauche est égale à 1/10ème de la longueur de notre bras.

Avec cette méthode, il suffit de tendre le bras et de relever le pouce en l’alignant sur l’objet que l’on souhaite atteindre en fermant l’œil gauche. Tout en restant immobile, il faut maintenant fermer l’œil droit et ouvrir le gauche. Le pouce semble s’être décalé à droite !

Dès lors, il suffit d’estimer la distance séparant ce nouveau point avec l’objet que l’on souhaite atteindre en s’aidant de repères. Par exemple, une voiture que nous distinguons sur le même plan au loin mesure plus ou moins 4,5m de long. Cet arbre présente un diamètre total de 10m… Une fois que l’on a estimé cette fameuse distance entre ces deux points, il faut la multiplier par 10.

Le tour est joué. Rudimentaire, mais efficace !

Bon, je vous l’accorde, cette méthode ne marche que lorsque l’on y voit quelque chose. Ca ne règle en rien le problème lorsque le brouillard est installé ou lorsque la nuit est tombée.

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