Stéthoscope

Ma dernière vidéo coup de gueule, en mode podcast, parle de la pénurie de médecin à laquelle nous nous habituons. Cette situation constitue néanmoins une rupture (douce) de la normalité au regard du suivi médical dont nous bénéficiions au début des années 2000.

Voici le script et la vidéo en fin d’article !

Introduction

Bonjour à tous, bienvenue sur la chaine debrouille et survie au quotidien. Aujourd’hui, je vous propose un contenu sous forme de podcast. J’ai cru comprendre que beaucoup de monde écoutaient plus les vidéos qu’ils ne les regardaient, un peu comme moi, en fait. De plus, c’est un poil plus simple pour moi à monter. Entre la chaine à gérer, le blog, le développement du réseau social degourdiy, mes vrais métiers et ma petite famille, les heures sont chaque jour comptées !

Donc, voilà, je vous partage ce premier podcast thématique sur mes anecdotes et réflexions au sujet de ce que j’appelle la rupture douce de la normalité. En effet, certains croient en une fin du monde soudaine, à l’Armagedon, au jugement dernier… Ou, plus terre à terre, à une crise grave et soudaine. Les crises graves et soudaines surviennent en effet. Les événements actuels à l’Est de l’Europe en témoignent. Mais dans nos contrées, je crois davantage à une rupture de la normalité en douceur.

Beaucoup d’éléments attestent ce déclin progressif et généralisé que nous sommes amenés à connaitre, comme les pénuries alimentaires, les crises agricoles, économiques et énergétiques ainsi que leurs conséquences… etc.

Aujourd’hui, j’aimerai vous parler d’un autre type de pénurie qui nous touche de plus en plus et qui s’avèrera plus grave que ça ne l’est maintenant si le tir n’est pas rectifié : la pénurie de médecins.

L’accès au soin dans les années 90-2000 , la belle époque !

Rappelez vous encore des années 90. Je n’étais alors qu’un gamin. Lorsqu’il m’arrivait de tousser un peu ou d’avoir une poussée de fièvre, le médecin de famille arrivait à la maison dans la matinée. Lorsque je pouvais sortir du lit, je me rendais sans rendez-vous au cabinet. Dans la salle d’attente du médecin de mon quartier, tout le monde se connaissait. L’une de mes voisines, un brin hypocondriaque, multipliait les rendez-vous avec divers médecins pour confirmer ou infirmer ses diagnostics.

Il s’agissait certes d’un abus dans ce dernier cas, mais cela démontre bien l’incroyable facilité du système. La période de l’abondance.

Puis nous avons lutté contre ces abus en imposant un médecin traitant désigné, alors que les médecins commençaient tous à partir à la retraite. Dès lors, les déserts médicaux se sont multipliés. Aujourd’hui, je ne peux plus me rendre comme je le souhaite au cabinet. Le médecin ne se déplace plus… Et dans la salle d’attente, plus personne ne se connait. Certains viennent en effet de très loin pour voir le docteur qui a remplacé celui de mon enfance, faute de docteurs dans leur patelin. Ce n’est donc plus vraiment un médecin de quartier à proprement dit. A fortiori, on ne peut plus parler de médecin de famille. En parallèle, doctolib a pris le pas sur les secrétaires médicales. Le rendez-vous chez le toubib, parfois 10 minutes chrono en main, inclut désormais dans ce court laps de temps les tâches administratives et le règlement.

La pénurie de médecins en quelques chiffres

Voici quelques chiffres illustrant ce problème de taille

  • Selon le Monde, à l’échelle nationale, on compte seulement 318 médecins pour 100 000 habitants contre 328 en 2012.
  • En termes de répartition, certains territoires sont plus attractifs que d’autres. Dans le Sud-Est de la France, il y aurait 1,6 fois plus de médecins généralistes que dans la région Centre, par exemple.
  • Ce même article indique que la densité médicale va continuer de baisser jusqu’en 2028 !
  • Toujours selon Le Monde, 11 % de personnes n’ont pas de médecin traitant en France !
  • Selon la gazette des communes, Près de 26 départements ont au moins 200 communes sous-dotées en médecins généralistes

Sources : Le Monde – Pourquoi y a-t-il une pénurie de médecins en France?

Le Monde : Plus de 10% des français n’ont plus de médecins traitants 

La Gazette des communes – Quels départements ont le plus de communes sous dotés en médecins généralistes ?

Quelques causes de la pénurie de médecins en France

Parmi les causes, citons notamment une attractivité moindre de certains secteurs, notamment les millieux ruraux, au profit des grandes villes dotées de toutes les commodités et de centre universitaires. Notons également un parcours difficile pour un métier de moins en moins attractif lui-même, le tout doublé par l’effet démographique des baby-boomers à la retraite. Une population nombreuse, plus à même de voir le médecin.

Résultat des courses, le 13 novembre dernier, les médecins étaient en grève avec pour revendication de passer la consultation de 25 euros à 50 euros. Est-ce légitime, n’est-ce pas légitime ? Ce n’est pas le propos de ce podcast. Toujours est il que le tarif moyen de la consultation en UE serait de quelque 45 euros. Donc, pourquoi pas…

De même, comme je le soulignais, le métier n’est plus attractif. Un ami m’a montré une affiche sur laquelle il était indiqué qu’un bon médecin ne prenait jamais de pause, qu’un bon médecin travaille tôt le matin et tard le soir 6 jours par semaine sans compter les gardes, qu’un bon médecin signe les certificats d’aptitude au sport gratuitement sur l’heure du midi, qu’il ne mange pas, ne part pas à la retraite, ne tombe pas malade car ce serait un comble et meure après ses patients… L’affiche concluait : « Je suis un mauvais médecin car je compte prendre ma retraite et mourir un jour ». Un message efficace. Il est certain que les docteurs touchent un salaire bien supérieur au mien, mais je ne les envie pas…

Quelques anecdotes fâcheuses à propos du manque de médecins

Pour ma part, la pénurie de médecins était un sujet d’actualité, mais un sujet non palpable véritablement jusqu’à la semaine dernière. Une certaine synchronicité m’a amené à rencontrer un concentré de problèmes ressemblant à un véritable bris de la normalité pour moi et ma famille.

La galère des rendez-vous de dentistes sur Doctolib

Première anecdote : je prends un rendez-vous de dentiste en février dernier. Sur Doctolib, mon dentiste habituel n’était pas disponible avant des lustres. Et comme il n’y avait pas urgence… J’ai donc pris un autre dentiste de ma ville avec « juste » 11 mois d’attente. Arrivé au cabinet la semaine dernière, je suis reçu en speed, de manière plutôt désagréable, avec un petit reproche déguisé de m’être incrusté dans sa patientèle…

Stéthoscope
Stéthoscope de médecins – jossuetrejo_oficial/Pixabay

Une pénurie de pédiatre

Seconde anecdote : le pédiatre de mon fils de deux ans tombe malade et cela risque de durer. Les rendez-vous sont annulés. Il faut que je trouve un rendez-vous en urgence pour son intégration à l’école… De surcroit, tombe un peu malade à ce moment-là.

Bon. J’essaye de l’inscrire chez mon propre médecin. Sur doctolib, le prochain rendez-vous est pour dans 15 jours, mais uniquement pour les dossiers enregistrés. Pour les nouveaux dossiers, il faut appeler au téléphone. J’appelle, et je tombe sur un répondeur annonçant que les nouveaux dossiers ne sont plus acceptés, qu’il faut passer par doctolib et qu’en cas d’urgence, il faut composer le 15. Bref. Nous appelons donc tous les médecins du coin. Tous sont débordés et n’acceptent plus personne. Seul le médecin de ma conjointe finit par accepter. Un médecin fonctionnant à l’ancienne, sans doctolib et en répondant au téléphone. Une fleur qu’il nous accordait !

Des urgences saturées voire parfois non à l’écoute

Troisième anecdote : ma conjointe souffre d’une sciatique chronique qui s’est très aggravée ce week-end. Plus de médecin dispo, bien sûr, et la douleur est intenable. On redoute même un problème de circulation du sang. Nous appelons le numéro du médecin de garde… Non attribué.

Nous finissons par partir aux urgences, ne sachant pas d’où venait la douleur. Sur place, la salle d’attente était quasi déserte. Une chance. Nous nous sommes dit que le personnel sur place aurait un peu le temps d’examiner le problème qui amenait ma conjointe à ne plus dormir et à souffrir le martyr. Nous nous sommes fait accueillir froidement. L’infirmière sur place n’a pas daigné écouter, ni regarder, et nous a dit texto : « Nous n’allons pas examiner toutes les personnes qui attendent le week-end pour appeler le médecin. Nous ne sommes pas la cinquième roue du carrosse ni les bouches trous ». S’en est suivi un laïus syndicaliste. Nous comprenons que la revendication salariale des médecins passe mal pour certains membres du personnel hospitalier.

Résultat des courses, nous sommes mis dehors manu militari. Le problème s’est aggravé, mais dans l’attente, nous nous débrouillons par nous-mêmes avec des massages et du paracétamol. Génial. Ma conjointe aurait pu faire une phlébite, c’était pareil. Le problème est arrivé le week-end, mais nous aurions dû le prévoir… Normal. Je suis un peu furax, mais je souligne tout de même que je n’ai rien contre les infirmières faisant un boulot formidable. Mais là, c’était un peu fort de café. A la limite de la faute déontologique dans un climat tendu.

La perte du médecin traitant en l’absence de visites médicales régulières ?

Dernière anecdote ; une amie se réveille et constate que sa fille est malade. Elle appelle le médecin traitant, qui lui annonce que, comme sa fille n’était pas venue depuis longtemps, elle ne faisait plus partie de sa patientèle. Moralité, il est nécessaire de passer de temps en temps dire bonjour à son toubib, même si nous ne sommes pas malades ! Voilà qui ne fait pas mon affaire. Par chance, je ne suis jamais malade. Je touche du bois. C’est peut-être imprudent, mais la dernière fois que j’ai vu le médecin, c’était pour une attestation d’aptitude au sport en 2014. Depuis, il est parti en retraite et j’ai été transféré chez son remplaçant. Peut-être suis-je moi-même sans médecin traitant sans le savoir !

En conclusion : la pénurie de médecin est une rupture de la normalité grave qui va de mal en pis

Voilà un bref résumé d’une situation préoccupante qui n’augure rien de bon et qui signe bien une dégradation progressive de notre système, une rupture douce de la normalité qui nous laisse le temps de nous y habituer. Bref, ce n’est pas la fin du monde mais la fin de notre monde !

Cela me pousse encore davantage dans ma préparation. Je vais sûrement d’ailleurs m’acheter bientôt les livres « là où il n’y a pas de dentiste et Là où il n’y a pas de médecin. En anglais, il y a moyen de les trouver sur Amazon pour moins de 40 euros. C’est ce que je vais faire. En raison de leur rareté, ces livres traduits en français sont quant à eux hors de prix en frisant les 400 euros parfois !

Et vous, quels sont vos témoignages à ce sujet ?

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dan1959
1 année il y a

Le manque de médecins est incroyable, Sur ma commune de 8500 habitants, il n’y a que 2 médecins, le mien est revenus de sa retraite afin de travailler 3 jours par semaine mais fin mars 2023, il part définitivement. Les médecins des communes voisines ne veulent pas prendre de nouveaux patients, que faire ?

paupau62
1 année il y a

incroyable en effet !

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